Haute route 1962

Récit d'une course qui aurait pu mal finir


Au début des années 1960, mon oncle Jean Conne ainsi que deux autres membres du LMG avaient demandé au jeunet que j'étais de les accompagner en vue d'entreprendre la Haute Route de Verbier à Zermatt. Cette course n'était pas à la mode à cette époque. En effet nous étions seuls dans les cabanes alors que c'était le week-end de Pâques et qu'il faisait grand beau.

Le second jour nous avons suivi une trace sur la Lac des Dix gelé qui devait nous amener à la Cabane du même nom. Au bout du lac cette piste s'enfilait dans un étroit défilé (le Pas du Chat), embouchure de la rivière, gelée et couverte de neige à cette époque de l'année.

A peine avions nous fait quelques mètres dans ce défilé qu'une vanne automatique du barrage de la Grande Dixence s'est ouverte en amont précipitant sur nous eau, neige et glace. Nous avons réussi dans un sauve qui peut à nous agripper tant bien que mal sur les parois du défilé.

Pendant que nous nous retenions aux parois avec difficulté, la couche de glace qui recouvrait le lac 
se disloquait, fracturée par cette avalanche continue. Restaient à l'embouchure du lac quelques plaques flottantes avec les traces persistantes de notre passage.
Nous prenions conscience avec horreur qu'à quelques minutes près nous avions échappé à une noyade dans ce lac avec nos skis aux pieds et nos sacs sur le dos.

Mais l'angoisse augmentait tandis que l'eau rongeait petit à petit sous nos pieds les blocs de glace sur lesquels on s'appuyait, au risque de nous emporter dans le lac.
Au bout d'un certain temps le débit de la cascade qui tombait du haut de la falaise latérale a heureusement diminué laissant un faible espace entre elle et la paroi. J'ai réussi à me glisser entre la cascade et le rocher. J'ai installé une main courante avec une corde pour faire passer le matériel (sacs et skis) puis mes trois compagnons


A l'instar de l'accident lors de l'ascension du Cervin  racontée par Christian Schopfer, cette aventure me provoque des cauchemars encore des années après

Philippe Conne